Au mois de mars 1719, Marie Virion
âgée de 26 ans, fille d'un honnête laboureur
d'Eulmont, fait une chute d'un grenier à paille.
Prise de vomissement de sang, elle
est traitée par la médecine de ce temps là, et
les vomissements s'arrêtent au bout de quelques jours.
On pensait alors que la
guérison était gagnée.
Or depuis ce jour la jeune fille
entra dans un profond dégoût de nourriture tant solide
que liquide, et céda à des accès
cataleptiques.
Son corps se tétanisait, les
yeux fixes et brillants, paupières immobiles, insensible
à la douleur seul son pouls pourtant très faible,
permettait de constater qu'elle n'était point morte.
Dans ces accès de crise elle
était tantôt d'une raideur cadavérique,
tantôt l'on pouvait lui faire prendre toutes sortes de
positions que la pesanteur ordinaire ne permet pas au commun des
mortels.
Malgré les soins qui lui
furent prodigué, son mal empira, et ses crises pouvaient durer
jusqu'à 24 heures, et prononçait des paroles
incohérentes que l'on soupçonnait être des
prières chrétiennes.
Ceci dura 3 ans et huit mois.
De partout, des villages voisins, de
Nancy les gens accouraient et les uns croyant au surnaturel et au
miracle, les autres à la supercherie. Pourtant, aucune ruse
n'a été découverte.
Pourtant, Marie Virion malgré
l'absence de nourriture, prenait de l'embonpoint, les bras charnus,
son visage resplendissait, mais son ventre était
incroyablement creux, la peau de celui-ci touchait sa colonne
vertébrale.
Au mois d'août 1722, elle est
prise de transpiration de sang, aux mains, aux pieds, à la
tête, et sur le côté gauche. Les genoux
enflés, les doigts de pied et de main se
recroquevillent.
Cette nouvelle manifestation de la
maladie, fait de nouveau crier au miracle.
Les extrémités de ces
doigts disparaissent comme atteint par la goutte. Mais comment
concevoir que sans nourriture, cette maladie, la goutte, puisse
sévir en cette jeune fille.
Le Duc Léopold, fit venir ou
plutôt enlever Marie Virion, pour l'hospitaliser à Nancy
St Charles. Elle fut mise dans une salle grillagée et
fermée à clef sous la garde permanent d'une
infirmière.
M. Mengin médecin chef
chargé de l'examiner confirma qu'elle ne prit aucun aliment
pendant deux mois ;
Et, chaque fois que ce médecin
lui faisait prendre un peu de liquide, la jeune fille rendait avec
convulsion le liquide ingurgité de force.
Après six semaines de
catalepsie, le 18 octobre 1722, Marie Virion put être enfin
interrogée et examinée par le médecin. Il
remarqua que la jeune fille présentait des douleurs au niveau
de l'estomac, ce qui le conduit à diagnostiquer que celle-ci
était infesté par le vers solitaire.
Il lui fit prendre non sans mal des
dragées de sa composition.
Le 23 octobre au matin la patiente
est retombée dans son état cataleptique, mais cet
état ne dura pas, le soir, elle reçut à nouveau
le remède accompagné cette fois d'un peu de lait,
qu'elle rendit peu de temps après.
Le diagnostic du médecin
était donc le bon, le traitement fut poursuivi pendant cinq ou
six jours, avec succès.
La jeune fille ne faisant plus de
crise cataleptique, il fut décidé de l'alimenter. La
question était : comment alimenter cette patiente
restée pendant plusieurs mois sans nourriture ?
Elle fut tout d'abord
alimentée avec du bouillon de poulet, puis par la suite son
organisme digestif ayant évolué vers la
guérison, on lui donna des fruits, enfin le 20 janvier 1723
elle put enfin se tenir debout, et quelques temps après put
revenir à la vie ordinaire.
D'autres cas similaires ont
été décrits dans le pays lorrain notamment
Catherine Charpy en 1662, mais par la suite cela s'est
avéré être une supercherie.
|