Lorraine: histoire

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Bébé le Bouffon du Duc Stanislas

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Il s'appelait Nicolas Ferry et était né à Plaisnes, dans les Vosges,.

A sa naissance, le 11 novembre 1741, il ne pesait qu'une livre un quart, on l'avait porté à l'église sur une assiette, un sabot lui servait de berceau.

Vers l'âge de cinq ans, il ne mesurait que quinze pouce de haut, et pesait douze livres.

Stanislas le Duc de Lorraine, ayant entendu parler de ce phénomène, le fit venir en son château de Lunéville, et tellement impressionné, le garda à la cour, et très vite, on le surnomma Bébé.

Malgré sa petite taille, Bébé était remarquablement proportionné, mais avait tous les défauts : paresseux, jaloux, gourmand, têtu ….Quand il était contrarié, il cassait aisément la vaisselle et les verres du Duc.

Ses caprices ne cessaient que lorsqu'il obtenait gain de cause. Stanislas riait des ses incartades, et le gâtait exagérément.

Il lui faisait confectionner des vêtement à sa taille, en particulier un costume de Hussard que le nain portait fréquemment..

Bébé, possédait également une calèche attelée de quatre chèvres qu'il dirigeait dans les allées du parc.

On lui fabriqua aussi une construction en bois, haut de trois pieds, qu'on installa dans une des pièces du château. Quand il était fâché avec le duc, ou qu'il voulait lui résister, c'est dans cette construction que Bébé allait bouder. Si Stanislas le faisait appeler, Bébé ouvrait la fenêtre et disait avec dignité : " Vous direz au roi que je n'y suis pas. "

Il était tellement petit qu'un jour il s'égara dans un champ de luzerne ; il se crut perdu et appela au secours jusqu'à ce qu'on fût venu le délivrer.

Bébé, avait un goût marqué pour la plaisanterie, et s'amusait souvent à se cacher. Stanislas, ne voyant plus son nain, s'inquiétait ; et alarmait la cour, puis l'on retrouvait Bébé, tranquillement assis sous quelque fauteuil, ou derrière un meuble.

Ce facétieux personnage ne se cachait pas que sous les meubles il avait imaginé d'autres abris plus agréables : on le retrouvait quelquefois paisiblement installé sous les paniers des dames, si bien que les femmes de la cour craignaient toujours d'écraser le petit personnage.

Stanislas était un joueur de tric-trac acharné ; or, Bébé détestait ce jeu : le bruit des jetons et du cornet blessait sa sensibilité. Dès qu'on commençait à jouer, il faisait tant de bruit et était si insupportable que le roi n'avait d'autre ressource que de cesser la partie. Alors, on plaçait le nain sur la table ; il entrait dans le tric-trac, mettait tous les jetons en Piles, s'asseyait dessus et se laissait tomber en riant aux éclats.

La princesse de Talmont s'était prise d'une grande amitié pour Bébé ; elle eut la prétention de réussir là où tous les maîtres avaient échoué, et elle se donna beaucoup de peine pour l'instruire, sans succès du reste. Cependant, Bébé, reconnaissant de ses soins, s'était pris pour elle d'une si grande passion qu'il en était jaloux.

Un jour, la voyant caresser un petit chien, il devint furieux, arracha l'animal des mains et le jeta par la fenêtre

Il y eut un drame, dans la vie de ce nain, en 1759. Cette année-là, le 2 décembre, arrivait au château de Lunéville une comtesse parente de Stanislas.

Elle était accompagnée d'un gentilhomme polonais, Borwslaski, âgé de vingt-deux ans et haut de vingt-huit pouces (soixante-quinze centimètres six). Bébé, avec ses dix-huit ans et ses trente-trois pouces (quatre-vingt-neuf centimètre cinq), était battu de près de quatorze centimètres.

Physiquement, Borwslaski rayonnait de jeunesse et de vitalité, alors que Bébé entrait visiblement dans la vieillesse, n'ayant plus que quatre ans devant lui.

Intellectuellement, la différence était encore plus écrasante le Polonais savait lire, écrire, compter, parlait trois langues dont la nôtre. Bébé pouvait se prévaloir d'un petit talent pour les danses, était un demeuré qu'on avait renoncé à tirer de son analphabétisme et d'une crasse sur laquelle les sacrées vérités de la religion d'Etat n'eurent jamais aucune prise.

A l'arrivée du nain-gentilhomme, devant qui toute la cour s'extasia, le nain-roturier se mit à " crever de dépit ", selon l'expression même d'un témoin. Quand on plaça les deux nains en présence, Borwslaski s'excusa auprès de Bébé d'être plus petit que lui.

" J'ai été malade et c'est ce qui m'a fait grandir ", répondit sèchement Bébé avant d'aller s'enfermer dans ses appartements.

Le lendemain, incapable de maîtriser sa jalousie, Bébé essaya de faire tomber son rival dans le feu. Mais l'autre était plus alerte et il lui administra la correction.

Un jour, raconte l' historien Baude, au cours d'un grand dîner d'apparat, on servit un énorme pâté sur la table de Stanislas. Les convives contemplaient cette magnifique pièce. Avec impatience, ils attendaient le moment de découper le succulent pâté. Tout à coup, la calotte qui recouvrait le pâté s'ouvrit avec force. Alors, sortant de la niche aménagée dans le pâté, un petit soldat s'élança joyeusement. Ce guerrier n'était autre que le nain Bébé.

Après avoir fait militairement le tour de la table et fait tournoyer son épée devant chaque invité, Bébé revint vers le pâté et resta là en sentinelle jusqu'à l'instant du dessert. A ce moment, Stanislas fit un signe. Aussitôt, on assiégea le guerrier en miniature d'une grêle de macarons et de dragées. Les invités étaient au comble de la joie.

Certains souverains envièrent à Stanislas le bonheur qu'il avait de posséder un si extraordinaire favori. On tenta même de le lui dérober. Un jour, un émissaire de l'impératrice de Russie fut découvert au moment où il glissait Bébé dans une sacoche cachée sous son ample manteau.

Craignant le renouvellement de cette tentative d'enlèvement, Stanislas fit sévèrement garder Bébé dans son palais. Mais Bébé ne supportait pas d'être ainsi privé de liberté. Il s'abîma dans la plus affligeante des tristesses. S'inquiétant de voir son bouffon périr peu à peu d'ennui, Stanislas mit tout en oeuvre pour distraire Bébé et lui donner d'appréciables compensations.

Tout d'abord, on lui fit faire une maison roulante. Puis on mit à sa disposition un jardin clôturé, dans lequel s'égaillaient de tout petits animaux. Bébé semblait de nouveau heureux. Mais ce bonheur était relatif. Ce que voyant Stanislas crut bon de marier Bébé. Ce n'était pas là chose facile, tant il paraissait peu probable que l'on trouvât une naine dans tout le pays. Cependant, après bien des recherches, on finit par découvrir l'existence d'une petite, très petite femme. C'était une Vosgienne nommée Thérèse Souvray. Elle avait quatre vingt dix centimètres de hauteur.

Surpris et amusés, les familiers de la cour apprirent que les fiançailles de Bébé et de Thérèse Souvray auraient lieu bientôt, à l'ombre du palais de Stanislas, à Lunéville.

Bébé venait d'atteindre ses vingt ans, et malgré cet âge, il donnait déjà les signes d'une déchéance physique et mentale.

Il ne connut point les joies du mariage, car il tomba sérieusement malade.

Stanislas voyant que son nain allait mourir fit venir sa mère Nicole Ferry, et c'est dans ses bras que Bébé rendit l'âme.