Bagne de Guyane: Histoire

Histoire du Bagne de Guyane

 

Avec la collaboration de J.P. Baucheron - Josette GL - Marielle Thouvenin - Paul Jadin - Sylvain Sankalé - Philippe P.L. de Ladebat - Gilbert et Marcel Gonthier – Michel Moracchini – Denis Vuillaume - Paul Jadin

 
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Des camps spéciaux sont créés, les Etablissements Pénitenciers Spéciaux (EPS), pour recevoir les condamnés issus de nos anciennes colonies en majorité des Asiatiques, Annamites, Indochinois, mais aussi des Malgaches. Ces camps sont Sparouine, La Forestière, Crique Anguille, Saut Tigre, et le camp des Malgaches, qui emploie comme son nom l'indique des condamnés originaires de Madagascar mais aussi Indochinois.

Vestiges du bagne des Annamites

Dans son article 6, la loi du 30 mars 1854 prévoit que tout condamné à moins de huit années de travaux forcés sera tenu, à l'expiration de sa peine de résider dans la colonie pendant un temps égal à la durée de sa condamnation. Si la peine est de huit années, il sera tenu d'y résider pendant toute sa vie. Sitôt leur temps terminé les bagnards étaient donc mis en liberté dans le territoire Guyanais. La liberté retrouvée, est toute relative. En effet, ces libérés sont bien souvent écartés de la ville de Cayenne, et comme il leur est difficile voir impossible d'obtenir un travail, Ils errent dans la Guyane, sans ressource.     

En fait, leur existence était bien plus difficile qu'au pénitencier, là ils étaient nourris, hébergés, habillés. Ce qui n'est plus le cas lorsqu'ils ont recouvré la liberté.

Durant leur peine, beaucoup entretiennent l'espoir de s'évader. Nombreuses sont les tentatives rares celles couronnées de succès. En effet, pour s'évader 3 voies seulement sont offertes. La forêt, la mer ou le fleuve Maroni. S'aventurer dans la forêt est une entreprise périlleuse, d'autant plus périlleuse que la frontière la plus proche, celle du Brésil se trouve à plusieurs centaines de kilomètres, donc pratiquement impossible à atteindre

lorsque l'on sait que la forêt équatoriale de la Guyane est peuplée d'animaux dangereux, d'une incroyable diversité de moustiques. De nombreux marécages freinent la marche, et dans cet univers il est pratiquement impossible de s'orienter.

Pratiquement tous les évadés qui ont choisi cette voie ont succombés ou se sont rapidement rendu aux chasseurs de bagnards, des amérindiens spécialement embauchés par l'administration pénitentiaire.

Par le fleuve Maroni l'évasion est plus facile, mais le gouvernement Français avait conclu un accord avec le pays voisin, ancienne colonie Hollandaise, et les évadés sont rapidement reconduit par les autorités de ce pays.

La troisième voie, la mer, offre des perspectives d'évasion plus réaliste, à condition de pouvoir accoster sur les rivages du Venezuela ou du Brésil. Il faut bien sûr se procurer une embarcation adéquate. Beaucoup ont tenté l'aventure sur des esquifs de fortune. Malgré toutes les difficultés d'une pareille entreprise quelques évasions aboutissent.

Bien souvent, ces évasions ont lieu avec la complicité de gardiens véreux ou avec l'aide de d'habitants guyanais, qui, moyennant finance, favorisent le départ de ces malheureux.  Il est arrivé que des passeurs peu scrupuleux, assassinent leurs passagers, afin de les dépouiller de leurs économies, et pour éviter d'accomplir la tâche pour laquelle les évadés avaient fait appel à leur service.

Les repris, sont présenté devant le Tribunal Maritime Spécial, juridiction d'exception créée en vertu du décret du 4 novembre 1889, qui juge tous les actes délictueux commis par les condamnés. Ce tribunal, installé en ce qui est aujourd'hui les bâtiments de la sous préfecture, était composé par un président, officier de marine ou suivant l'époque, un officier des troupes coloniales, et un substitut chargé de l'accusation.

Le prévenu peut être assisté par un avocat choisi par ses soins, parmi les surveillants, ou même un civil, il ne peut donc bénéficier d'une défense rationnelle. En fait le tribunal se borne à déterminer la peine à infliger.

Trois peines sont immanquablement prononcées: L'emprisonnement, la réclusion cellulaire, et la peine de mort.

L'emprisonnement, a lieu sur l'île St Joseph pour une durée de six mois au moins et six ans au plus. Astreint au silence, en principe enfermé la nuit dans une cellule individuelle, à l'écart des autres, le condamné est contraint au travail dans la journée. La réclusion cellulaire, se fait également à l'île St Joseph pour une durée de cinq mois à cinq ans, dans l'isolement le plus complet, dans des cellules où le plafond est remplacé par des grilles pour permettre aux surveillants qui patrouillent dessus, d'avoir en permanence sous les yeux ceux qui y sont enfermés. Il est interdit d'adresser la parole aux gardiens. Une entorse à cette règle, entraînent inévitablement une nouvelle punition. Pour les plus récalcitrants, les grilles du plafond sont remplacées par une maçonnerie qui empêche la lumière de pénétrer. Les condamnés y vivent dans l'obscurité totale. La réclusion cellulaire a été supprimée par arrêté du gouverneur de la Guyane le 30 janvier 1940.

Le Tribunal Maritime Spécial, prononce également la peine de mort, uniquement aux condamnés en cours de peine. C'est par la guillotine que cette peine est appliquée. Il en existait deux, l'une à St Laurent l'autre à l'île Royale. Les condamnés à mort attendent la sentence finale dans un quartier spécial composé d'une douzaine de cellules à St Laurent, ou, à l'île Royale. Cette attente dure plusieurs semaines, voir plusieurs mois. Dès que la confirmation de la sentence arrive par bateau en provenance de France, l'exécution a lieu le lendemain. Le bourreau chargé des exécutions est choisi parmi les forçats, bénéficiant d'un régime spécial, il touche une prime à chaque exécution.

L'un des plus célèbre d'entre eux s 'appelait Isidore Hespel dit le Chacal.

 

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