Histoire du bagne de Guyane P1

Histoire du Bagne de Guyane

 

Avec la collaboration de J.P. Baucheron - Josette GL - Marielle Thouvenin - Paul Jadin - Sylvain Sankalé - Philippe P.L. de Ladebat - Gilbert et Marcel Gonthier – Michel Moracchini – Denis Vuillaume - Paul Jadin

 
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"J'ai mission de vous faire vivre une vie nouvelle, en France, vous êtes des criminels, ici, je ne veux voir que des hommes repentants ".

C'est ainsi que s'adresse le commissaire général de la Guyane, Sarda Garriga, aux premiers condamnés à leur arrivées aux Iles du Salut en mai 1852. Ils sont 298 et 3 déportés politiques, partis de Brest le 31 mars 1852 à bord de la frégate l'Allier.

Premiers d'une longue liste, ces hommes ouvrent la période la plus néfaste de l'histoire de la Guyane.

Une ordonnance du 27 septembre 1748 détermine de nouvelles peines et conditions de détention sans pour autant supprimer les galères.

Cette ordonnance prévoit que les condamnés seraient logés à terre dans les bagnes, salle de force et autres lieux qui seront destinés à les enfermer, et que les condamnés seraient employés à tour de rôle aux travaux de fatigue des arsenaux suivant les ouvrages auxquels ils pourront être destinés.

Les bagnes qui succédaient aux galères étaient situés sur le territoire métropolitain. La majorité des condamnés étant à Marseille, progressivement l'arsenal est démantelé et les condamnés transférés à Toulon pour une partie, et à Brest pour l'autre partie. Par la suite sont créés les bagnes du Havre, Rochefort, Lorient et Cherbourg.

Jusqu'alors, la Guyane, ce territoire français d'outre mer, ne reçoit que des déportés politiques.

La déportation des condamnés politiques est consécutive aux événements de la révolution. Ceux qui ont la chance d'échapper à la guillotine, indésirables en France, sont conduits en Guyane. Parmi eux Billaud Varenne, Collot d'Herbois.

Bien d'autres suivent. La corvette la Vaillante débarque le 12 novembre 1797: Ramel, l'abbé Brottier, La Villeheurnois, Barbé-Marbois, Laffon-Ladebat, Tronçon-Ducoudray, De Murinais, Rovère, Bourdon de l'Oise, Pichegru, Delarue, Aubry, Willot, Dossonville Barthélémy et son domestique Letellier. Ceux ci sont transférés à Sinnamary où bien entendu rien n'avait été fait pour les recevoir, ils durent se contenter de vielles paillotes abandonnées. Un dénommé Aimé au passé douteux nommé par Jeannet alors gouverneur, était chargé avec ses hommes d'assurer la surveillance de ces condamnés. Usant de ses pouvoirs il mène la vie dure à ces hommes. A chacun, on a attribué un lopin de terre à cultiver.

Le 3 juin 1798, exécrés par les mauvais traitements dont ils font l'objet, les survivants: Pichegru, Dossonville, Willot, Delarue, Aubry, Ramel, Barthélémy et Lettellier, à l'exception de Barbé-Marbois et Laffon Ladebat, s'évadent à bord d'une pirogue. Après une traversée d'une semaine ils accostent au Surinam, où ils sont accueillis par la population et le gouverneur de cette colonie Hollandaise. De là ils gagnent l'Angleterre sauf Aubry, et Lettellier qui ont succombé peu après leur arrivée au Surinam.

La Frégate La Décade qui appareille le 23 avril, arrive  le 7 juin 1798 à   Cayenne,   elle débarque    193 déportés parmi lesquels se trouvaient Job Aimé, Desmolières, un grand nombre de  prêtres  et  sept condamnés de droit commun. Tous, à l'exception de Job Aimé, Desmolières, quelques  autres  et  dix prêtres,  sont  transférés  sur la rivière Counamama. Ils  y  vivent  comme des bêtes, en guenilles, couchant à même le sol humide, et sans soin.

Vingt-neuf d'entre eux décèdent dans les deux mois, quatre-vingt-cinq atteint de graves maladies du fait des vidanges de leurs déjections dans le marais, dans lequel était prélevée l'eau de boisson. Trente-neuf d'entre eux trouvent la mort dans le mois qui suit leur arrivée.

Le 6 octobre 1798, la Bayonnaise entre en rade de Cayenne avec à son bord 111 déportés, 9 sont morts pendant la traversée. Durant une semaine le bateau reste en rade quand enfin une goélette vient prendre livraison de cette cargaison humaine à destination de Counamama. Pilotée par un incapable, celle ci s'échoue, et il faut attendre 5 jours pour reprendre le voyage. Les privations imposées par cette mésaventure cumulées avec celles de la traversée ont raison de plus de la moitié des condamnés.

Le 6 janvier 1800, Victor Hugues arrive à Cayenne à bord de la Sirène, il est porteur de passeports pour Bathélémy, Barbé Marbois et Laffon Ladebat, en exécution de l'arrêté du 17 janvier 1799. Les autres déportés sont libérés plus tard en vertu de l'arrêté du 24 décembre 1799.

Ainsi s'achevait le premier épisode des condamnés transportés en Guyane. Le décor était planté, la Guyane pouvait continuer son oeuvre destructrice.

 

 

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