Né
à Lyon le 17 février 1882, fils d'industriel, contre le désir de son père qui souhaitait
qu'il reprenne l'affaire familiale, il choisit de faire carrière dans la marine
en 1898. Là il fait ses classes à bord du navire école Borda, mouillé à Brest.
Brillant
élève, il obtient à vingt ans le grade d'officier, puis enseigne de vaisseau
à bord du contre torpilleur Carabine. C'est à bord de ce navire qu'il
effectue des voyages en extrême orient en plus particulièrement en Indochine
où, il goûte à l'opium. Drogué, Ullmo fumera plus d'une vingtaine de pipes
par jours.
Son
père vient de mourir lorsqu'il est affecté à Toulon en 1903, en lui laissant
un confortable héritage.
Ullmo,
même alors une vie turbulente, et gaspille sa petite fortune en s'affichant
dans les cercles de jeu, l'opium aussi coûte cher, car il n'a jamais cessé de
consommer cette drogue.
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Il
fait connaissance de Marie Louise Welsch, dite Lison. Jeune très belle, il en
devient fol amoureux. Il cohabite avec celle-ci rue Masséna, à la villa
Glégé, dans le quartier Mourillon à Toulon. Cette jeune et belle femme a soif
de luxe, et se montre particulièrement exigeante. Au fur et à mesure, les
économies de Benjamin Ullmo s'épuisent, la belle Lison, est de moins en moins
intéressée par son ami. Aussi à plusieurs reprises elle menace de le quitter.
Pour conserver sa belle, Ullmo à besoin d'argent, beaucoup d'argent. La belle
coûte cher, trop cher.
C'est
alors que va germer dans la tête de ce militaire, une invraisemblable machination,
dont l'histoire tient du roman.
Au
cours de l'été 1907, le lieutenant vaisseau commandant la Carabine, partant en
permission, laisse le commandement du navire à son second Benjamin Ullmo. Celui
ci accède au coffre et dérobe pour y prendre des clichés, des documents secrets
qui recensent l'état de la flotte en Méditerranée, et la défense de Toulon. Peu
après, il sollicite une permission, et se rend en Belgique, à Bruxelles où il
descend dans un hôtel sous le nom d'Uzbach. Là, il prend contact avec un nommé
Talbot, au service de l'Allemagne, et tente monnayer la vente des documents en
sa possession. Le prix exorbitant demandé par Ullmo, et doutant de la véracité
des documents, l'Allemand refuse la négociation, prétextant que l'armée
Allemande possédait déjà ces documents.
Déçu
Ullmo imagine l'invraisemblable, et contacte le ministère de la marine.
Quelque
temps après les services du ministre de la marine de M.Thomson, recoivent une
lettre qui relate en substance qu'une personne détient les plans et documents
photographiques intéressant la défense mobile des torpilleurs et contre
torpilleurs de la flotte Méditerranéenne, ainsi que les codes des signaux et
des ordres de mobilisation de l'escadre. Sur cette lettre est également précisé
que ces documents secrets sont sur le point d'être livré à une puissance
étrangère, et que pour éviter une fuite à l'étranger, priorité est données au
ministère de la marine, et pour définir une communication, il est également
précisé que les contacts se feraient par la voie du journal la République du
Var sous la rubrique petites annonces. L'expéditeur, Ullmo, convient d'un code
ou il prend le pseudonyme de Pierre et le représentant du ministère celui de
Paul.
Au
ministère on croit d'abord à une mauvaise plaisanterie. Puis ne voulant rien
négliger, il est décidé de contacter l'auteur de la missive par la voie du
journal, comme cela avait été précisé.
Après
un échange de message par le truchement des petites annonces, la date et
l'endroit de la transaction sont définitivement fixés, au 23 octobre 1907 en
début d'après midi aux gorges d'Ollioules.
Naïvement,
Ullmo peut être sous l'influence de stupéfiant, vient se jeter dans le piège
qui lui est tendu par le commissaire de la sûreté M. Sybille et par
l'inspecteur Sulzbach. Pris sur le fait, arrêté et emprisonné.
Son
procès a lieu le 20 février 1908, devant un tribunal de justice maritime, sous
la présidence du capitaine de vaisseau Grosse, assisté du capitaine de frégate
Provençal, des lieutenants de vaisseau, Bousser et Cony, des enseignes Darre et
Tailleur.
Le
capitaine Sclumberger faisant les fonctions de commissaire du gouvernement. Sa
défense est assurée par Me Anthony Aubin et son suppléant Me Steinart. Ullmo
est condamné à la dégradation militaire et à la détention perpétuelle.
Le
18 juillet 1908, Ullmo quitte Toulon pour l'île de Ré, et de là embarqué sur le
navire Loire à destination de la Guyane. Il va occuper l'ancienne case où à
vécu Dreyfus à l'île du Diable. Dispensé de travail comme tout déporté
politique, il occupe ses longues heures à la lecture de livres plus ou moins
philosophique ou mystique, s'adonne à l'entretien de son habitat, et élève même
quelques volailles. Il séjournera à l'île du diable jusqu'au 15 mars 1923, le
gouverneur de la Guyane de l'époque l'autorisera à séjourner à Cayenne. Son
esprit a vacillé conséquence de son séjour à l'île du Diable mais aussi de
séquelles de son passé de drogué. Il se prend même pour le Christ et colporte
des prédictions, écrit au pape pour lui demander de mettre de l'ordre au sein
de l'église catholique. Il faut savoir que comme Dreyfus, Ullmo est juif. Il se
convertira au catholicisme pendant son séjour à l'île du Diable.
Pendant
six années, à Cayenne il exerce toutes sortes de métiers. Le père Fabre son
ami, lui assure couvert et logis. Puis il trouve un travail d'aide comptable
dans une importante société d'import, les établissements Tanon. Son travail
donnant entière satisfaction à son employeur, il accédera au poste de chef
comptable. Ses revenus lui permettant, il achète maison et automobile, et
fonde un foyer avec une Martiniquaise. Fortement apprécié par la population
Guyanaise, il aide de nombreux ex détenus en leur procurant de l'argent
rarement remboursé. Sur proposition de son employeur, ainsi qu'une dame
métropolitaine, avec qui il avait entretenu une correspondance pendant son
séjour à l'île du Diable, le Président Lebrun signe le 4 mai 1933, le décret
de grâce. Il rentre en France en 1934. Déçu par ce qu'il y trouve, il rentre
en Guyane l'année suivante. Il meurt à Cayenne le 21 septembre 1957.
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