Bagne de Guyane Histoire

Histoire du Bagne de Guyane

 

Avec la collaboration de J.P. Baucheron - Josette GL - Marielle Thouvenin - Paul Jadin - Sylvain Sankalé - Philippe P.L. de Ladebat - Gilbert et Marcel Gonthier – Michel Moracchini – Denis Vuillaume - Paul Jadin

 
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Charles Benjamin Ullmo

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Né à Lyon le 17 février 1882, fils d'industriel, contre le désir de son père qui souhaitait qu'il reprenne l'affaire familiale, il choisit de faire carrière dans la marine en 1898. Là il fait ses classes à bord du navire école Borda, mouillé à Brest.

Brillant élève, il obtient à vingt ans le grade d'officier, puis enseigne de vaisseau à bord du contre torpilleur Carabine. C'est à bord de ce navire qu'il effectue des voyages en extrême orient en plus particulièrement en Indochine où, il goûte à l'opium. Drogué, Ullmo fumera plus d'une vingtaine de pipes par jours.

Son père vient de mourir lorsqu'il est affecté à Toulon en 1903, en lui laissant un confortable héritage.

Ullmo, même alors une vie turbulente, et gaspille sa petite fortune en s'affichant dans les cercles de jeu, l'opium aussi coûte cher, car il n'a jamais cessé de consommer cette drogue.

Il fait connaissance de Marie Louise Welsch, dite Lison. Jeune très belle, il en devient fol amoureux. Il cohabite avec celle-ci rue Masséna, à la villa Glégé, dans le quartier Mourillon à Toulon. Cette jeune et belle femme a soif de luxe, et se montre particulièrement exigeante. Au fur et à mesure, les économies de Benjamin Ullmo s'épuisent, la belle Lison, est de moins en moins intéressée par son ami. Aussi à plusieurs reprises elle menace de le quitter. Pour conserver sa belle, Ullmo à besoin d'argent, beaucoup d'argent. La belle coûte cher, trop cher.

C'est alors que va germer dans la tête de ce militaire, une invraisemblable machination, dont l'histoire tient du roman.

Au cours de l'été 1907, le lieutenant vaisseau commandant la Carabine, partant en permission, laisse le commandement du navire à son second Benjamin Ullmo. Celui ci accède au coffre et dérobe pour y prendre des clichés, des documents secrets qui recensent l'état de la flotte en Méditerranée, et la défense de Toulon. Peu après, il sollicite une permission, et se rend en Belgique, à Bruxelles où il descend dans un hôtel sous le nom d'Uzbach. Là, il prend contact avec un nommé Talbot, au service de l'Allemagne, et tente monnayer la vente des documents en sa possession. Le prix exorbitant demandé par Ullmo, et doutant de la véracité des documents, l'Allemand refuse la négociation, prétextant que l'armée Allemande possédait déjà ces documents.

Déçu Ullmo imagine l'invraisemblable, et contacte le ministère de la marine.

Quelque temps après les services du ministre de la marine de M.Thomson, recoivent une lettre qui relate en substance qu'une personne détient les plans et documents photographiques intéressant la défense mobile des torpilleurs et contre torpilleurs de la flotte Méditerranéenne, ainsi que les codes des signaux et des ordres de mobilisation de l'escadre. Sur cette lettre est également précisé que ces documents secrets sont sur le point d'être livré à une puissance étrangère, et que pour éviter une fuite à l'étranger, priorité est données au ministère de la marine, et pour définir une communication, il est également précisé que les contacts se feraient par la voie du journal la République du Var sous la rubrique petites annonces. L'expéditeur, Ullmo, convient d'un code ou il prend le pseudonyme de Pierre et le représentant du ministère celui de Paul.

Au ministère on croit d'abord à une mauvaise plaisanterie. Puis ne voulant rien négliger, il est décidé de contacter l'auteur de la missive par la voie du journal, comme cela avait été précisé.

Après un échange de message par le truchement des petites annonces, la date et l'endroit de la transaction sont définitivement fixés, au 23 octobre 1907 en début d'après midi aux gorges d'Ollioules.

Naïvement, Ullmo peut être sous l'influence de stupéfiant, vient se jeter dans le piège qui lui est tendu par le commissaire de la sûreté M. Sybille et par l'inspecteur Sulzbach. Pris sur le fait, arrêté et emprisonné.

Son procès a lieu le 20 février 1908, devant un tribunal de justice maritime, sous la présidence du capitaine de vaisseau Grosse, assisté du capitaine de frégate Provençal, des lieutenants de vaisseau, Bousser et Cony, des enseignes Darre et Tailleur.

Le capitaine Sclumberger faisant les fonctions de commissaire du gouvernement. Sa défense est assurée par Me Anthony Aubin et son suppléant Me Steinart. Ullmo est condamné à la dégradation militaire et à la détention perpétuelle.

Le 18 juillet 1908, Ullmo quitte Toulon pour l'île de Ré, et de là embarqué sur le navire Loire à destination de la Guyane. Il va occuper l'ancienne case où à vécu Dreyfus à l'île du Diable. Dispensé de travail comme tout déporté politique, il occupe ses longues heures à la lecture de livres plus ou moins philosophique ou mystique, s'adonne à l'entretien de son habitat, et élève même quelques volailles. Il séjournera à l'île du diable jusqu'au 15 mars 1923, le gouverneur de la Guyane de l'époque l'autorisera à séjourner à Cayenne. Son esprit a vacillé conséquence de son séjour à l'île du Diable mais aussi de séquelles de son passé de drogué. Il se prend même pour le Christ et colporte des prédictions, écrit au pape pour lui demander de mettre de l'ordre au sein de l'église catholique. Il faut savoir que comme Dreyfus, Ullmo est juif. Il se convertira au catholicisme pendant son séjour à l'île du Diable.

Pendant six années, à Cayenne il exerce toutes sortes de métiers. Le père Fabre son ami, lui assure couvert et logis. Puis il trouve un travail d'aide comptable dans une importante société d'import, les établissements Tanon. Son travail donnant entière satisfaction à son employeur, il accédera au poste de chef comptable. Ses revenus lui permettant, il achète maison et automobile, et fonde un foyer avec une Martiniquaise. Fortement apprécié par la population Guyanaise, il aide de nombreux ex détenus en leur procurant de l'argent rarement remboursé. Sur proposition de son employeur, ainsi qu'une dame métropolitaine, avec qui il avait entretenu une correspondance pendant son séjour à l'île du Diable, le Président Lebrun signe le 4 mai 1933, le décret de grâce. Il rentre en France en 1934. Déçu par ce qu'il y trouve, il rentre en Guyane l'année suivante. Il meurt à Cayenne le 21 septembre 1957.

 

   

© 2001-2005 Guy Marchal